Une nouvelle ère du travail :
La semaine de travail de 4 jours fait débat dans le monde entier. Cette idée, autrefois considérée comme un doux rêve, est aujourd’hui au cœur de débats animés partout dans le monde. La proposition d’une semaine de travail plus courte suscite un mélange de curiosité, d’espoir et de scepticisme tant chez les employés que chez les managers et RH. Est-ce la solution miracle pour une meilleure productivité et unéquilibre entre vie professionnelle et personnelle, ou simplement une utopie lointaine ?
Nous plongeons au cœur de cette problématique, en examinant les avantages potentiels, les défis à relever, et les impacts d’une semaine de travail raccourcie. Serait-il possible que quatre jours de travail par semaine deviennent la nouvelle norme ? Comment les entreprises et leurs équipes peuvent-elles s’adapter à ce changement ?
Travailler moins : Que des bénéfices ?
Les horaires de travail réduits peuvent elles augmenter la concentration et l’efficacité ?
Productivité accrue
Les collaborateurs travaillant moins sont souvent plus motivés et s’impliquent davantage dans leur travail. Les employeurs s’attendent à ce que leurs collaborateurs soient plus organisés et priorisent mieux leurs tâches. Cependant, cela nécessite une réorganisation des processus pour maintenir la performance.
Équilibre vie professionnelle/vie personnelle
Un jour de repos supplémentaire permet aux collaborateurs de trouver un meilleur équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle, offrant la possibilité de s’adonner à des loisirs ou de passer plus de temps en famille. Toutefois, cela peut impliquer une augmentation de la durée de travail durant les autres jours de la semaine en guise de compensation.
Bien-être des employés
Une semaine de 4 jours peut réduire l’absentéisme et améliorer le bien-être des collaborateurs, en réduisant le stress. Cependant, si, on se contente de concentrer la même charge de travail sur 4 jours, cela risque de produire l’effet contraire en augmentant le stress.
Impact écologique
La réduction du nombre de jours de travail peut diminuer le coût de fonctionnement de l’entreprise, réduisant la consommation d’énergie, d’eau, de papier et autres consommables. Sans Cela est supposé contribuer également à la réduction des émissions de CO2 et de l’empreinte carbone.
La semaine de 4 jours : un long chemin à parcourir…
Pour changer les habitudes du monde professionnel, en particulier en ce qui concerne l’adoption d’une semaine de travail de quatre jours, plusieurs défis et considérations doivent être pris en compte :
Adaptation des entreprises
- Changement des modèles de travail : La pandémie a forcé les entreprises à s’adapter à un environnement commercial changeant, notamment en numérisant leurs opérations et en répondant aux besoins changeants de leur écosystème.
- Investissement dans les technologies : Les entreprises doivent investir dans des technologies qui produisent des résultats rapidement, sans attendre pour concevoir ou implémenter ces technologies.
- Adapter la culture d’entreprise : Les entreprises doivent développer une culture d’innovation résiliente, réfléchir à long terme aux changements stratégiques et sensibiliser les collaborateurs pour qu’ils puissent suivre l’évolution. Car, il est judicieux de préciser que travailler en temps décalé avec un roulement entre les membres de l’équipe nécessite une organisation spécifique et une communication en temps réel aux collaborateurs et potentiellement aux clients sur les jours d’absence.
Questions de rémunération
En principe, cette nouvelle mesure ne devrait pas impacter financièrement les employés.
En effet, l’Espagne teste actuellement un système où les employés travaillent 4 jours par semaine sur une base de 32 heures hebdomadaires au lieu de 40, sans subir de baisse de salaire.
En comparaison, depuis le 21 novembre 2022, les salariés belges tout secteur confondu, ont la possibilité de choisir de travailler 4 jours par semaine au lieu de 5, sans pour autant réduire leur temps de travail.
La réduction du nombre d’heures de travail soulève des questions de rémunération. Les approches varient, comme maintenir le salaire malgré la réduction des heures ou ajuster la rémunération proportionnellement aux heures travaillées ou encore garder les mêmes heures de travail à condenser en 4 jours.
L’Impact de la réduction des jours travaillés sur les entreprises et les salariés
Au Royaume-Uni, plus de 3000 employés répartis dans 70 entreprises de tailles diverses (de 25 à 1000 salariés) ont participé à une expérience de semaine de travail de 4 jours, orchestrée par l’association « 4 Day Week Global ». Cette initiative a eu lieu entre juin et décembre 2022, impliquant une réduction du temps de travail sans impact sur leur rémunération.
En conclusion, 92 % des entreprises ont affirmé leur intention de maintenir cette organisation jusqu’à nouvel ordre, et 18 % ont pris la décision de l’adopter de manière permanente.
Pendant cette période d’essai, une étude menée par des chercheurs de l’université de Cambridge et du Boston College (États-Unis) a démontré que 71 % des employés ont constaté une diminution de leur épuisement professionnel, ainsi qu’une amélioration de leur bien-être mental et physique.
Ces résultats suggèrent que la réduction des jours travaillés peut avoir un impact positif sur le bien-être des salariés et la performance des entreprises. Cependant, pour la réussir il faut de l’adaptabilité et de la volonté des entreprises à revoir leurs méthodes de travail et à exploiter les technologies pour maximiser l’efficacité.
Scepticisme et Résistances
Si elle semble répondre aux aspirations du nouvel air de travail, la semaine de 4 jours peut en pratique comporter des inconvénients. Sa mise en place n’implique pas forcément une réduction du temps de travail et elle se traduit alors par des journées plus longues comme en Belgique. Elle peut aussi s’accompagner d’une baisse de salaire comme au sein de l’entreprise espagnole Desigual, dont les employés l’ont adoptée contre une baisse de salaire de plus de 6 %. La semaine de 4 jours nécessite des changements d’organisation qui peuvent, par ailleurs, être difficiles à déployer selon les équipes et les secteurs d’activité.
La présidente de l’Association nationale des DRH (ANDRH), Audrey Richard, s’explique sur sa réticence (et celle des DRH de France) sur le sujet « Nous craignons une montée en flèche des risques psychosociaux avec la semaine de quatre jours. Nous pensons qu’il y a un risque réel de pénibilité en cas de passage aux quatre jours de travail hebdomadaire.
Expériences réussies
La transition vers une semaine de travail de quatre jours tout en préservant les salaires a été décidée par Laurent de la Clergerie, CEO et fondateur de LDLC, en 72 heures. Au moment de l’annoncer, les appréhensions de ses collaborateurs étaient variées :
- La planification des horaires pour s’adapter aux disponibilités des clients et fournisseurs,
- La gestion des périodes de surcharge de travail,
- La contrainte du management directif ( parental).
Sa principale motivation était de soulager ses collaborateurs, envisageant par ailleurs le recrutement pour absorber toute charge de travail excédentaire. La mise en place a consisté à réduire la semaine de travail à 32 heures en supprimant les jours de RTT.
Pour ne pas avoir d’interruption de service (avec des équipes en poste 5/7 dans les bureaux et 6/7 pour les relations clients), et dans l’optique de généraliser cette nouvelle approche, l’entreprise a proposé aux équipes d’établir elles-mêmes les plannings.
Selon un sondage interne impliquant les 1000 collaborateurs de l’entreprise :
– 40 % des employés ont rapporté que cette mesure a radicalement transformé leur vie, exprimant un rejet catégorique de tout retour à l’ancien système,
– 59 % se sont montrés très satisfaits tout en étant ouverts à un éventuel retour en arrière,
– Seuls 1 % n’ont pas exprimé leur satisfaction (trois employés en tout pour des raisons de nature personnelle).
Alors, seriez-vous prêt à adopter un tel modèle dans votre entreprise ? ou à questionner l’organisation actuelle?