« Mon boulot, mes jumeaux, le petit dernier : il y en a un de trop, mais je ne sais pas lequel »
« Je croyais que quand les enfants grandissaient ça irait mieux … je n’en vois pas le bout »
« Je n’ai pas dormi depuis 3 jours, je suis au radar. Impossible de prendre des décisions cohérentes »
Ces phrases vous parlent ? vous vous les êtes répétées souvent (ou au moins une fois) dans vos vies de parent et de travailleur acharné ?
Ce sont aussi le ressenti des parents de notre communauté (et nous aussi d’ailleurs). Car même dans un contexte très évolutif de réinvention du rapport au travail et du rôle parental, une articulation entre le travail et la parentalité est encore vécue comme difficile, notamment par les femmes, car, OUI, de nombreuses inégalités persistent.
En 2009, déjà, une étude de Pailhé, A. & Solaz, A. a révélé que les pères réduisent leur activité 20 fois moins souvent que les mères après une naissance.
Notre enquête le confirme : pour 80 % des femmes, concilier travail et parentalité est un challenge du quotidien vs 73 % des hommes.
A l’occasion de la sortie de l’enquête “Travail et Parentalité”, Emmanuelle Duez, fondatrice de the Boson Project, témoigne sur son mythe d’équilibre auquel elle a mis du temps à renoncer : « La femme que je suis percevait la notion d’équilibre de la manière suivante : “une juste distance vis à vis du travail”, “une présence de qualité auprès des enfants”, “une excellence de tous les instants à tous les niveaux” ».
Les changements au cours de la dernière décennie sont notables : la réinvention du rapport au travail côtoie le questionnement du rôle parental dans un contexte d’avancées pédagogiques. Les parents semblent jongler à n’en plus pouvoir.
Elle continue : « J’ai fini par mettre mon énergie ailleurs : ne pas lutter contre la culpabilité mais trouver l’exigeante organisation qui épousait ma pulsation de vie ».
« Mais, est-ce que c’est vraiment si dur ? »
« Qui est responsable ? »
« Le travail impacte-t-il les familles autant ou plus que celles-ci impactent le travail ? »
Des questions et des hypothèses auxquelles, nous n’avions pas trouvé de réponse. Ou alors des réponses venant d’autre temps.
Main dans la main The BOSON Project, 1,2,3 kiD et The Helpr et sous l’adage « Ce qui ne se mesure pas, n’existe pas », nous avons mené l’enquête !
Une phase qualitative d’abord avec des focus groupes (constitués de parents) et avec des entretiens avec des DRH ensuite un sondage YouGov (966 parents) a révélé des résultats concrets sur l’impact du travail sur la parentalité et vice versa. Cette enquête a permis de confirmer que les difficultés étaient réelles :
77 % des parents interrogés affirment que concilier travail et parentalité est un challenge.
Ce chiffre vous intrigue ? Nous aussi.
Ce premier constat nous a surpris, surtout qu’il s’agit d’une donnée transversale concernant toutes les catégories socio-professionnelles.
Ce postulat montre que cette question dépasse l’individu. C’est un vrai phénomène social qui nécessite une attention particulière et une action concertée de la part de tous.
La parentalité au travail : Contrainte mais surtout opportunité
Auprès de notre échantillon, nous avons observé que le sentiment de difficulté monte fortement à partir du deuxième enfant et encore davantage avec le troisième.
Etant donné la forte ambition professionnelle des parents de 25-44 ans et donc le besoin d’une certaine disponibilité au travail, notamment lorsqu’ils sont cadres. C’est donc cette tranche d’âge qui vit l’articulation entre famille et travail le plus difficilement.
Cependant, ses réponses cassent les stéréotypes : C’est la tranche d’âge qui déclare le plus que le travail a moins d’importance dans leur vie, depuis leur parentalité.
Lorsque l’on demande aux parents à quel moment de leur parentalité ils ont eu le plus besoin d’aide, “la routine au travail en étant parent” vient en premier. Et on observe un léger pic sur le sentiment de difficulté pour les parents dont les enfants sont âgés entre 1 et 4 ans. Cette période englobe également les fameux “terrible two” et “fucking four” !
Le « terrible two », une phase (normale) du développement de l’enfant entre 1,5 et 3 ans, est caractérisé par des comportements difficiles et des crises fréquentes. L’enfant présente une volonté d’indépendance accrue et une prise de conscience d’individualité sans disposer des compétences nécessaires pour communiquer ou gérer ses émotions.
Puis arrivent les “fucking four”. Aux alentours de 4 ans, les goûts et les centres d’intérêt de l’enfant s’affinent. Par ailleurs, le développement du langage va l’amener à avoir une argumentation plus construite pour s’affirmer et afficher son opinion. C’est aussi un âge qui aiguise sa curiosité. Il pose de nombreuses questions, surtout le fameux « pourquoi ? ».
Chaque décision et aménagement comptent pour créer un environnement propice au bien-être de la famille. Les jeunes parents (18-24 ans) sont prêts à réaliser des aménagements radicaux pour mieux vivre leur parentalité et répondre aux besoins de leur nouvelle famille.
Et voici le Top 3 des aménagements choisis par les parents :
1. Déménagement à proximité des modes de garde et/ou pour se rapprocher de leur famille
2. Changement d’employeur, à la quête de plus de flexibilité et de bienveillance.
3. Reconversion professionnelle. A la recherche de métiers plus adaptés à leur nouvelle vie de parent, et avec plus de sens.
D’autre part, alors que la pandémie n’a pas marqué un changement majeur en termes d’accompagnement à la parentalité, elle a néanmoins donné aux parents l’occasion de se montrer plus assertifs et de mieux définir leurs limites.
Les résultats sont encourageants. Ils révèlent que 70 % des parents sont désormais plus clairs sur leurs priorités professionnelles depuis la pandémie, tandis que 59 % parviennent davantage à établir des limites au travail.
Ces données témoignent d’une évolution des attitudes des jeunes parents, qui cherchent activement à trouver un équilibre entre leurs responsabilités familiales et leur carrière, tout en créant un environnement harmonieux pour leurs enfants.
Bien que les attentes envers les organisations en matière de soutien à la parentalité soient en constante augmentation, il reste encore du chemin à parcourir.
A The helpr, nous aspirons à un soutien managérial plus solide et à des initiatives concrètes au quotidien.
Alors que la parentalité continue d’évoluer et de se redéfinir, il est essentiel que les organisations se positionnent en tant qu’alliées pour accompagner les parents dans leur parcours.
Ensemble, en reconnaissant la valeur de la parentalité et en investissant dans des politiques et des pratiques favorables, nous pouvons créer une culture où les parents se sentent soutenus, épanouis et en mesure de réaliser leur plein potentiel tant sur le plan personnel que professionnel.